Algérie - Poterie

Constantine - Ouarda Bentaleb. Potière: La passion d’une gardienne des traditions




Constantine - Ouarda Bentaleb. Potière:  La passion d’une gardienne des traditions




C’est avec une grande fierté que Ouarda Bentaleb présentait ses produits de poterie au public, lors de la semaine de l’artisanat qui se tient depuis quelques jours au Palais de la culture Al Khalifa de Constantine.

Elle a même des ustensiles qu’elle préserve jalousement et refuse de vendre. Des produits qu’elle aime comme ses propres enfants.

Ouarda parle avec une grande passion de ce métier qu’elle pratique avec amour, comme un véritable art. Il suffit d’admirer ces objets que ses mains ont «enfantés» avec une grande dextérité, et qui méritent d’être conservés au musée des arts traditionnels.

«J’ai commencé à l’âge de 14 ans, en imitant ma mère, puis avec la force des choses, je m’y suis engagée complètement, au point d’abandonner mes études, chose que j’ai regrettée amèrement», évoque cette dame humble, née en 1953 dans le petit village de Sidi Abdelaziz, dans la wilaya de Jijel.

Ouarda, qui continuera quand même dans cette voie, se rappelle encore de la belle époque des années 1970.

«Il y avait de nombreux touristes qui venaient dans la région de Sidi Abdelaziz ; les produits de la poterie locale étaient très demandés ; tout ce que nous fabriquions le matin était écoulé dans la journée même», évoque-t-elle.

Malgré l’évolution technologique, Ouarda continue toujours de travailler à la traditionnelle. Elle refuse de manier le tour, et façonne l’argile avec ses mains.

Ses outils sont toujours les mêmes. Un morceau de roseau, appelé «chetba» pour le lissage de la pâte, et «chaâra» en poil de chèvre pour le dessin.

On y trouve «El mezahla» pour les gros traits, «El Mezhata» pour les traits fins, et «Rekassa» pour les traits en zigzag.

Pour les couleurs, elle utilise toujours des produits naturels, notamment la terre rouge et les fameuses pierres dites «Neghra» et «Bayadha», qui demeurent rares de nos jours.

Ses produits sont de véritables œuvres d’art naturel, car Ouarda refuse d’introduire la moindre goute d’émail ou d’autres produits industriels.

On y trouve ces belles jarres d’eau, appelées localement «El Qaâda», mais aussi «El Hellab» destiné à contenir du lait ou pour conserver les plats, et autres assiettes, mais surtout le fameux «Tadjine Nemra» très prisé de nos jours.

Ouarda a même innové en fabriquant un barbecue en terre cuite.

«Depuis 48 ans, je travaille ainsi pour sauvegarder ces traditions que j’ai transmises à mes filles et à beaucoup de femmes au foyer», affirme Ouarda. Cette dernière, qui continue de travailler à domicile, affiche une volonté pour transmettre son savoir-faire aux jeunes filles par la voie de la formation professionnelle. «C’est une activité noble et qui peut faire vivre plusieurs familles», dit-elle.

Arslan Selmane

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