Connexions

«La politique, c'est pas compliqué, il suffit d'avoir une bonne conscience, et pour cela il faut juste avoir une mauvaise mémoire!» ColucheIl ya des semaines où tout semble ligué contre vous, le temps, les administrations, les services... Enfin, sans être paranoïaque, on vient à se demander s'il n'y a pas quelque part un complot ourdi par les forces maléfiques du sionisme et de l'impérialisme qui consiste à faire intervenir la 5ème colonne pour perturber votre train-train quotidien qui, il faut le dire, n'est pas celui d'un sénateur. Je m'explique: depuis que les services d'Actel du petit village à prétention touristique qui me sert provisoirement de refuge, m'a honoré en m'octroyant gracieusement le 023 en remplacement du désuet et encombrant 021, mon téléphone fixe ne marche plus. Si la poussive Adsl qui m'unissait jadis au village mondial a résisté un peu de temps, elle a rendu l'âme voilà presque deux semaines et tous mes efforts, toutes les démarches et tous les propos mielleux que j'ai dû sortir n'ont pas rétabli le cordon ombilical qui me reliait à l'humanité. Et de plus, sans Internet, impossible de capter les chaînes cryptées: je me sens depuis, comme Robinson Crusoë sans son Vendredi, terriblement seul! Mais le propos d'aujourd'hui est tout autre: on ne peut pas toujours attribuer des phénomènes difficilement explicables par l'intervention de forces occultes alors que la réalité est beaucoup plus prosaïque. C'est ce que se propose l'émission «Ça vous regarde» sur la chaîne LCP en réunissant sur le même plateau deux journalistes dont les points de vue sont diamétralement opposés sur l'attitude de l'Amérique et de l'Europe au Moyen-Orient. Entre les deux, se positionne doctement une spécialiste du Moyen-Orient qui essaie d'expliquer par affirmations répétées le pourquoi du comment dans la situation inextricable dans laquelle est plongée cette région qui sent diablement le pétrole. Et le pétrole est le grand absent dans les fines analyses de ces experts rompus aux joutes orales. Il faut dire que l'enjeu est de taille: comment expliquer au contribuable français la victoire de Daesh sur les troupes et milices du gouvernement chiite.Elémentaire! Mon cher Watson! Comment expliquer l'existence de ce «démon incontrôlable» (c'est le sous-titre de l'émission en question). Comme il n'y avait pas de fumée sans feu avant l'invention des lacrymogènes, la théorie de la génération spontanée a rendu l'âme depuis Pasteur. Donc, on peut dire sans se tromper que si Daesh, El Qaîda, les Brigades rouges, la bande à Baader ou autre Action directe, existent ou ont existé c'est qu'il y a quelque part un savant démiurge, un Frankestein de la politique, qui s'ingénie à fabriquer des êtres pour semer le doute dans l'esprit des âmes simples et le chaos dans des pays qui ne demandaient rien de plus que la paix. Evidemment, tout le monde s'est mis d'accord pour souligner l'inefficacité des frappes aériennes franco-américaines et sur l'urgence d'une intervention terrestre dont l'issue est plus qu'aléatoire puisque les manipulateurs et les commanditaires de l'EI sont dans le flou: on a beau citer pêle-mêle, les sunnites, les rescapés du régime Saddam, rien n'est plus difficile à cerner que les contours d'une organisation qui ne fait référence qu'à des principes religieux que d'autres ont exploités avant elle. Certains n'ont pas hésité à avancer que le Daesh vit du pillage des antiquités des riches sites archéologiques de la région: autant dire que George Bush avait envahi l'Irak uniquement pour que ses trouffions puissent s'approvisionner de souvenirs puisés dans les musées de Baghdad. Evidemment, la question du nucléaire revient sur le tapis. Mais on oublie sciemment de citer le rôle de la Turquie, d'Israël (qu'on ne cite même pas) et des monarques pompistes du Golfe. On déplore quand même le sort des minorités longtemps protégées par des dictateurs victimes de la faux du Pacte atlantique. Comme le dira un des intervenants: le terrorisme, c'est le boomerang qu'on a lancé et qu'on reçoit en plein visage. Avec cette différence, c'est que pour l'instant, ce sont les masses arabes qui de Batna à Sanâa payent douloureusement la note.