Algérie - Revue de Presse

Chômage: Temmar rejette les chiffres de l'ONS



Les chiffres officiels de l'Algérie sont-ils fiables? Le doute n'est pas d'un économiste, d'une association patronale ou d'un syndicat, habitués depuis une dizaine d'années à nuancer voire contredire les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS). Cette fois, il est exprimé par son grand patron, le ministre de la Prospective et des Statistiques, Hamid Temmar.

Jeudi dernier, en présentant à la presse son livre «La transition de l'économie émergente», le ministre de la Prospective et des Statistiques a fait une déclaration pour le moins spectaculaire en affirmant que ses services ont rejeté l'enquête de l'ONS sur le chômage en 2011.

Alors que tous les milieux spécialisés et concernés s'interrogeaient sur le retard pris par l'Office pour publier ses chiffres qui étaient attendus en mars dernier, M. Temmar a révélé que les résultats de l'Office sur l'emploi dans le pays ont été invalidés par son département et qu'il a ordonné une deuxième enquête, toujours en cours. La raison, dit le ministre, est que l'enquête de l'ONS n'est effectuée qu'une fois l'an «durant le mois de septembre». «Quand on publie des taux de 9%, de 10% ou de 11%, explique-t-il, ils ne sont pas ceux du taux de chômage réel en Algérie, mais de celui enregistré au mois de septembre» seulement.

Pour M. Temmar, l'Office recourt à l'enquête de terrain. Il s'agit, selon lui, d'«une méthode fiable comparée à la méthode macroéconomique. Mais «le problème», relève-t-il, est que c'est une enquête qui n'est effectuée qu'une fois par an alors que, pour être fiables, les investigations sur l'emploi doivent être régulièrement fréquentes et avoir lieu au moins trois fois.

Les réserves qu'il exprime sont de procédure et de méthode. Elles ne demeurent pas moins sévères et suggèrent que les supers comptables de l'Office, au lieu de produire des chiffres précis, privilégient des projections arithmétiques susceptibles d'avoir d'importantes marges d'erreur.

Le chiffre de l'ONS sur le chômage est communiqué à la Banque mondiale et à l'Union européenne, a indiqué le ministre de la Prospective et des Statistiques. Il est nécessaire qu'il soit fiable, a-t-il ajouté non sans jeter une ombre sur les enquêtes effectuées antérieurement par l'Office.

En effet, si les chiffres de 2011 sur le chômage en Algérie ont été contestés et rejetés par le ministre de la Prospective et des Statistiques, rien ne dit que ceux relatifs aux exercices précédents ne le sont pas aussi.

 Par ailleurs, rien ne garantit non plus que M. Temmar, qui a travaillé pendant de longues années sur la base de statistiques de l'ONS sans rechigner, n'a pas simplement rejeté les résultats de la première enquête sur le chômage en 2011 parce qu'ils ne lui plaisent pas.

En février 2011, le secrétaire d'Etat aux statistiques, Sid Ali Boukrami, s'était élevé contre la contestation des chiffres de l'ONS en raison de leur présumé usage politique par le gouvernement. Il avait soutenu que l'Office est une «institution indépendante de service public» et que «ses cadres ont une très haute dignité et n'acceptent pas d'être manipulés ou influencés».

M. Boukrami avait sans doute raison. Mais les logiques politique et gouvernementale peuvent être, dans les contextes électoraux sensibles, plus fortes que toute autre considération. Et M. Temmar n'est certainement pas qu'un expert qui fait parler les chiffres «froidement». Il est aussi un ministre, de surcroît proche du chef de l'Etat. Pour les résultats de la deuxième enquête sur le chômage, il a dit s'attendre à un taux ne dépassant pas les 10%.


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