Algérie - A la une



Ça plane pour eux !
Avec la «dépression» profonde qui s'est emparée depuis le début de la saison estivale de la compagnie aérienne nationale Air Algérie du fait des retards récurrents et de bien d'autres soucis multidimensionnels, c'est le projet se rapportant au «lancement imminent» dans notre pays des avions-taxi.Cela s'est projeté au-devant de l'actualité, il est revenu sur toutes les langues. D'autant qu'au lendemain de l'annonce surmédiatisée, en novembre 2013, par le ministre des transports de la décision y afférente, un grand soupir de soulagement avait retenti auprès de plus d'un parmi les usagers du transport aérien, les opérateurs économiques, ceux intervenant dans la grosse industrie en particulier.Or, en fait de «lancement imminent», il n'en est rien.Plusieurs mois ont passé et pas l'ombre d'une action ou initiative indiquant l'existence d'une volonté politique réelle n'a, jusqu'à l'heure actuelle, été entreprise dans cette perspective. «Les annonces en grande pompe, les promesses sans lendemain faites au gré du contexte et de la conjoncture politique de l'heure, nos politiques nous en ont gavés. Le travail aérien est un secteur très développé partout dans le monde, y compris chez nos voisins continentaux immédiats.Les hommes d'affaires intéressés par ce créneau sont nombreux, les capitaux à mobiliser disponibles, des leaders européens et asiatiques spécialisés dans ce type d'activité et à même d'apporter leur savoir-faire le sont aussi, les infrastructures nécessaires existent en nombre suffisant, les pilotes nationaux chevronnés inactifs ne manquent pas non plus.Toutes les conditions sont réunies pour ouvrir la voie à cette activité. Pourquoi hésite-on encore ' Qu'est-ce qui peut bien expliquer les tergiversations dont font preuve les décideurs ' C'est à se demander si tout est fait pour maintenir l'Algérie à la traîne dans tous les domaines, le transport aérien et maritime surtout, deux secteurs névralgiques considérant le contexte de globalisation des marchés qui évolue à un rythme inoui, et ce, à l'échelle planétaire», s'indigne A. K., un puissant industriel de Annaba rencontré il y a quelques jours à l'aéroport Rabah Bitat ; il était de retour d'Alger après un long voyage d'affaires en Asie.Des vertus multiplesA ses yeux, pour traiter dans la même journée des affaires à Alger et à Oran, ou encore à Rome et à Paris et rentrer le soir à Annaba, seul l'avion-taxi permet cette performance. «Plusieurs de mes collègues industriels et riches hommes d'affaires d'Annaba et d'ailleurs sont prêts à investir dans le travail aérien et à proposer ce type de service.» Et, Abdelkader Zeggar, un suisso-algérien, médecin de son état ? originaire de Guelma ? qui était en partance vers l'hexagone pour rejoindre Zurich (Suisse), au terme d'un séjour de plus d'un mois entre Guelma, Annaba et Hammamet (Tunisie), de s'inviter à la conversation, faisant remarquer qu'«il n'y a pas que les chefs d'entreprise qui peuvent profiter de ce moyen de transport très efficace pour traiter leurs affaires.Des particuliers peuvent louer, en petit groupe, ces avions-taxi pour des escapades touristiques, culturelles ou sportives à l'intérieur du pays, surtout en période de grandes vacances ou de fêtes de fin d'année. A plusieurs, ce type de déplacement à la carte reviendrait incontestablement moins cher qu'un vol régulier.» D'après le même praticien, spécialiste en urologie, ces appareils biréacteurs peuvent également être affrétés aux fins du transport d'organes pour les malades en attente de greffes urgentes, voire pour assurer des interventions sanitaires avec un matériel approprié en cas de grands accidents graves, de catastrophes naturelles ou aériennes.Aussi, enchaînera de son côté l'industriel, «la formule des avions-taxi peut être d'un grand secours pour les grandes entreprises de la taille du complexe sidérurgique d'El Hadjar, du pôle pétrochimique Fertial, ou encore de la plateforme pétrolière de Skikda lorsqu'il s'agit de besoins pressants en termes de pièces industrielles ou d'intervention immédiate d'experts étrangers en maintenance.» C'est dire que voir un jour des avions-taxi survoler le pays est un autre v?u pieux. Comment rentabiliser, rendre plus attractif le marché du transport aérien national qui est des plus insignifiants à l'échelle continentale, voire mondiale, nos décideurs semblent déroutés, toujours à la recherche de la direction à prendre.Aucun aéroclub en activité...Pourtant, des compétences nationales, des vieux routiers du transport aérien dont l'expérience et le professionnalisme avérés profitent aux compagnies étrangères, se disant favorables à apporter leur contribution, le pays en regorge. «L' Algérie dispose d'une soixantaine de plateformes aéroportuaires et les aéronefs en exploitation ne dépassent pas la quarantaine d'avions. Vous serez d'accord avec moi qu'il faut certainement plus que ce nombre pour rentabiliser toutes ces infrastructures», a indiqué, d'emblée, Kamel Khelifa, diplômé de 3e cycle du CECE/CSTI (Marseille), titulaire du titre de manager du commerce international, transports et logistique, lorsque nous l'avions interrogé au sujet de l'opportunité de promouvoir le concept des avions-taxi sur le marché de l'aéronautique algérien.Mieux, la même source estime que «dans un pays aux immensités perdues, le transport aérien et plus particulièrement le travail aérien (avion-taxi, avion d'épandage agricole, de lutte antiacridienne, etc.) justifie pleinement le développement de ce secteur très prometteur.» Mais pour cela, tient à souligner M. Khelifa, «il faut une ouverture franche de l'activité à l'initiative publique et privée. Là aussi, l'écluse est fermée. Sur un autre plan, des 22 aéroclubs ayant existé à l'indépendance, il n'en reste aucun en activité.»A la question de savoir s'il existait des initiatives nationales déjà entreprises en faveur du développement de ce type d'activité (le travail aérien) et n'ayant pas pu aboutir, notre interlocuteur répondra par l'affirmative : «Oui, le cas d'un industriel algérien basé dans une ville de l'Ouest du pays, dont j'ai suivi l'évolution. Il avait l'ambition de relever le défi pour résoudre une partie de l'équation. Le monsieur ??Dassault'' algérien a conçu des prototypes d'hélicoptères d'épandage agricole, des avions-taxi et même des drones. Ses appareils ont obtenu différents prix dans des salons internationaux de renom.»Pour ce faire, poursuit M. Khelifa, «cet industriel a mis sur pied des ateliers pour lesquels il s'était surendetté et tous les siens y avaient contribué pour la bagatelle de 90 millions de DA. Cet ensemble avait été inauguré par le chef de l'Etat en 2001, puis par un Premier ministre natif de cette région. Aussi, trois ministres des transports avaient défilé dans ces installations et des reportages tournés en grande pompe par la télévision, à l'occasion de ces visites officielles. En dépit de moult promesses, son projet n'a pas concrètement décollé depuis 10 ans, du fait de la bureaucratie ambiante.»



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