Algérie - Autres Révolutionnaires

Biskra - Hommage à Mohamed Assami, l’armurier de la Révolution


Biskra -  Hommage à Mohamed Assami, l’armurier de la Révolution




La vie et l’œuvre patriotique de Mohamed Assami, dit «Si Merouane» connu pour avoir été l’armurier attitré de la l’OS avant le déclenchement de la révolution de 1954 a été, jeudi dernier, au centre d’une rencontre tenue à la salle des conférences de la maison de la culture Redha Houhou de Biskra à l’occasion de la publication d’un opuscule consacré à ce moudjahid, écrit par Abdelhamid Zekiri et édité avec le soutien de l’APC de Biskra.

Lieutenant de Belouizdad, formateur des Benboulaïd et Larbi Ben M’Hidi, ami et néanmoins supérieur hiérarchique de Mohamed Boudiaf pendant les années de feu, Mohamed Assami est né en 1914 dans une modeste famille de Sidi Okba, village phoenicicole situé à 18 km à l’est de Biskra.

Après des études primaires écourtées du fait de la misère et du dénuement régnant à l’époque dans ces contrées et l’apprentissage du coran et de l’arabe à la mosquée de son village natale, il apprend la couture dans un atelier familial.

En 1936, il part à Skikda pour y travailler en qualité de tailleur. C’est là qu’il adhère au PPA dans une cellule chargée de diffuser des tracts et de sensibiliser le peuple sur la déplorable situation endurée sous la colonisation française. Le PPA est interdit d’activité par l’autorité coloniale en 1939 et les militants sont pourchassés et leurs domiciles objets d’incessantes perquisitions.

Alors que la seconde guerre mondiale fait rage en Europe, Mohamed Assami revient à Biskra où il ouvre une boutique de tailleur au centre-ville. Contacté par Ahmed Gharib, il est chargé une fois encore de réactiver les opérations de sensibilisation et de mobilisation de militants indépendantistes. Sa boutique se transforme très vite en lieu de rencontre clandestin des militants et de responsables de la cause nationale.

Un militant déterminé

En 1945, il est chargé avec d’autres nationalistes de la préparation des manifestations du 8 mai. Avec Ben M’Hidi, Aloui, Mebarek et les frères Banni, il est arrêté et torturé dans les locaux de la gendarmerie durant 20 jours avant d’être relâché. En 1946, plus déterminé que jamais à se défaire du joug colonial, Mohamed Assami participe activement à la fondation du MTLD et à celle de l’Organisation Spéciale (OS) pour laquelle il désigne Larbi Ben M’Hidi et Mustapha Benboulaïd pour y représenter Biskra et Batna.

De 1947 à 1954, il effectue plusieurs voyages vers le sud et notamment à Oued Souf et la Tunisie pour y organiser des achats et des transits d’armes vers Biskra, les Aurès et Constantine où s’était réfugié Belouizdad. Ahmed Mahsas lui remet des sommes d’argent qu’il utilise à bon escient.

L’option de la lutte armée contre l’hydre coloniale insensible au traitement inique, raciste et humiliant infligé au peuple algérien est irréversible pour lui comme pour un noyau de militants qui créent le FLN et sa branche militaire l’ALN.

Au lendemain de la nuit historique du 1er novembre 1954, Mohamed Assami et des dizaines d’autres militants sont arrêtés et emprisonnés. Il sera libéré en 1959 et assigné à résidence à Alger jusqu’en 1962, année où il regagne Biskra pour se consacrer, l’indépendance conquise, à son atelier de couturier et à l’éducation de ses enfants aujourd’hui médecins et professeur d’université.

Après le coup d’Etat de 1965, Mohamed Assami se retire définitivement de la vie politique.

Peu disert, homme d’action, rompu à la clandestinité et aux épreuves d’une vie entière consacrée à son pays et touché par la disparition de beaucoup de ses compagnons de lutte, il s’emmure dans un mutisme qui en dit long. La seule fois qu’on l’a vu pleurer, c’est le jour où Mohamed Boudiaf a été assassiné en ce funeste mois de juin 1992, rapporte l’un de ses fils.

Le 6 septembre 2013, Ammi Mohamed, l’armurier de la révolution est parti subrepticement rejoindre ses frères disparus. La bibliothèque de la wilaya de Biskra porte son nom. Mais est-ce suffisant pour un homme de cette envergure longtemps effacé des tablettes de l’historiographie nationale et qui mérite amplement de figurer en bonne place dans les livres et les manuels d’histoire.

Hafedh Moussaoui



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