Algérie - Mohamed Ben Si Ahmed Bencherif

Né le 16 février 1879 à Djelfa, chez les Ouled si M’hamed, de la confédération des Ouled Naïls. Son grand-père Si Cherif Ben El-Ahrèche servit l'Emir Abdelkader.Mohamed ben si Ahmed Benchérif suivit les cours du lycée d'Alger. Condisciple en 1897 de l'Emir Khaled à l'école militaire de Saint-Cyr (France), il en sort sous-lieutenant en 1899. Affecté comme officier d'ordonnance du Gouverneur général Charles Jonnart. Il est lieutenant de spahis en 1905 et caïd des Ouled Si M'hamed le 04 février 1907. En 1908, il combat avec son goum au Maroc. Retour en Algérie en 1914 et départ pour le front français. Fait prisonnier à Lille en octobre 1914, il tombe gravement malade en captivité et refuse d'avoir des privilèges par rapport à ses compagnons de captivité à Krefeld.. Interné en Suisse après 16 mois de captivité, il est rapatrié en mai 1918 et est promu capitaine cette année-là. Il reprend sa place à la tête des Ouled Si M’hamed. Le typhus se déclarant à Djelfa, il se dévoue inlassablement auprès de ses compatriotes. Lui-même est atteint par la maladie et meurt le 22 mars 1921 à Djelfa. Il avait accompli le pèlerinage à la Mecque en 1913.

Parcours[modifier :
En juin 1914, il est mobilisé et envoyé en France avec le grade de Lieutenant combattre les allemands. Le 12 octobre 1914, cerné et capturé, il est fait prisonnier à Lille. Après 16 mois dans les geôles allemandes, il est évacué vers le suisse où il sera interné jusqu’à sa date de rapatriement en Algérie en mai 1918. Le 26 juillet 1918 ; il est promu Capitaine.
Pendant son internement en suisse, il reçoit une lettre de son amie parisienne qui lui suggère de combler le vide des longues journées de détention en écrivant un ouvrage sur ses souvenirs et la société de ses corrélationnelles. Elle lui disait ‘ Pourquoi ne pas noter vos souvenirs de votre captivité chez ces monstres allemands, ou bien encore nous parler des coutumes, des habitudes des populations de votre cher pays, si fermés, si méconnues.. Donc, l’idée d’écrire est née et il s’est fixé comme objectif à reproduire d’une part un discours auto ethnographique et historique sur sa communauté et d’autre part, un discours idéologique sur le phénomène colonial à destination de la métropole.
Il est le premier écrivain romancier Nord Africain, par ses deux œuvres ‘’Aux villes saintes de l’Islam et ‘’Mustapha ben Brahim goumier’ dans la préface de ce livre il disait "j'ai écrit ce livre pour tous ceux qui verront, dans le pur cristal de cette âme intrêpide, le reflet de leur âme cachée. J'ai écrit pour exalter la gloire d'une nation qui a su réveiller les élans chevaleresques d'un peuple jadis endormi. J'ai écrit surtout pour chanter la gloire de mes frères, tombés sur les champs de bataille" parmi de rudes soldats, et aussi, hélàs ! pour pleurer la mémoire de ceux qui, loin de leur soleil, loin du cliquetis des armes qui embellit la mort, se sont éteints lentement dans les sombres géôles d'Allemagne, et sur lesquels pèsera toujours, lourde, la terre ennemie. Il relatait que : Les musulmans algériens ont pris une large part et toujours au premier rang pendant la guerre 1914-18, soit comme soldats, soit comme travailleurs coloniaux Ils étaient très estimés et traités en égaux par les français de France, malheureusement, en Algérie, dans leur propre pays, ils étaient considérés comme inférieurs, régis par des lois spéciales et travaillant à des salaires de famines. L’Algérien qui a versé son sang pour la libération du territoire français ne peut se déplacer dans son propre pays d’une région à une autre sans autorisation. Lorsqu’ il était prisonnier en suisse, gardant par principe son chèche oriental pour se distinguer fièrement musulman, il faisait l’objet de l’attention condescendante des salons genevois où il est exhibé comme une curiosité exotique, et soumis à des questions de ce genre : Il parait, interrompt une jolie femme blonde, que chez vous, monsieur, on mange des sauterelles et qu’on fait sa prière sa les terrasses ! Comme c’est évocateur ! Quelle poésie ! « Qui vous a dit cela madame ? Mais je l’ai, je crois bien, lu dans Tartarin de Tarascon , On prétend même, interroge une autre, que les arabes ont l’hospitalité si généreuse qu ils offrent tout…et, rougissant un peu, elle ajoute :même leurs femmes à l’hôte qu ils reçoivent….Pourtant vos femmes sont voilées et enfermées.. Vous ignorez tout de notre mentalité, les colons, qui exploitent mon pays font du sensationnel et déforme la réalité. Ils divisent mon peuple et lui inventent des fables. Nos épouses arabes, si on leurs offraient de partager ce qui fait votre joie, madame, vos élans vers l’intellectualité masculine, votre souci constant et si charmant d’une vie plus active, plus agitée, elles vous répondraient que, seules suffisent à leur bonheur la satisfaction du mari et les joies de la famille. On remettant à leur place, ces dames, le capitaine Hadj Mohamed, restait intransigeant sur les valeurs musulmanes en défendant légitimement ses coreligionnaires. Il reste du côté de sa communauté et répond à une autre provocation : « «Votre religion défend de faire du mal aux femmes ? Mais, elle autorise chacun de vous a en garder quatre à l’état d’esclaves ou à peu près : Bourrique le jour, jolie femme la nuit »Vos principes sont comme votre Coran, où tous les préceptes se contredisent d’une page à l’autre ’’ ‘ Pour ceux qui ne croient pas, ou de toutes chose ne voient que les apparences, notre prophète Sidna Mohamed (QSSSL) a rendu meilleure la condition de la femme. Avant sa mission, beaucoup de filles étaient enterrées vivantes dés leur naissance. Pour se soustraire aux tentations charnelles illégitimes, chacun de nous pouvait, pour ses besoins multiples, telles protéger une veuve, vouloir une nombreuse descendance etc., prendre autant de femmes qu il désirait, sans qu’aucune justice le guidât, mais notre prophète a prescrit des traitements équitables. Et d’ajouter ’Mon feu père, que la miséricorde de Dieu soit sur lui, pour plusieurs raisons dont celle de nouer des relations avec d’autres tribus, avait épousé 18 femmes, mais, c’était un saint, jamais, il n’a regardé une femme en face sans l’épouser. Dans une réplique à un officier français, il disait « Quand on demande à des hommes fiers et valeureux d’être leurs égaux, on ne leur parle pas le dos arqué ; comment comprendrait-ils c’est par l’héroïsme sur les champs de bataille face aux allemands que les hommes apprennent à se connaître et c’est le sang versé qui est le prix de leur émancipation. La France qui a une dette envers nous, qu’attend-t’ elle de notre majorité pour accorder à mes frères les privilèges qu’elle a généreusement octroyé à d’autres… Avec ses compatriotes, il leurs tenait ce langage : Nos grands pères, avaient lutté en vain pour reconquérir notre pays. Ils menaçaient les canons de leurs poings crispés, alors que leur sang coulait généreusement intarissable. Aujourd’hui, nous pleurons leur sacrifice. Nous, aussi, leurs descendants ; avons prouvé au monde notre courage, ce courage qui ne nous a jamais manqué, mais notre vaillance ne pouvait remplacer les canons, ni l’organisation, que nos parents n’avaient pas .A travers l’expérience de nos ancêtre, notre sagesse et notre docilité devant notre destin inéluctable, tout en nous efforçons d’harmoniser nos aspirations légitimes avec les moyens que Dieu à mis à portée de nos mains. Nous étions un peuple unis, chez nous, fils de Nail, il a suffi des agissements diaboliques des colons pour nous diviser en plusieurs camps ennemis. Mais par la volonté de Dieu, nous recommencerons en petit ce que nos ancêtres ont fait en grand. Sans ce virus de la haine, nous serions une grande nation. Pendant des siècles, nos aïeux, avaient lutté pour l’honneur, pour venger nos morts, pour jouir d’un pâturage ou pour éloigner l’ennemi de nos douars et de notre pays. Conduits par mon grand père El Khalifa sidi Chérif, ses troupes s’attaquaient en vain à la grande puissance française. Les rencontres ne furent pas toujours heureuses. Ils manquaient aux nôtres, la discipline, l’organisation, l’art des batailles et surtout le manque de moyens logistiques. Ses rudes problèmes ne pouvaient être remplacés par la vaillance de l’audace. Notre génération a choisi l’instruction et avons opté volontairement pour la carrière militaire dans les prestigieuses écoles du momentané vainqueur. Notre rôle à nous et d’apprendre pour instruire à notre tour nos compatriotes. L’heure est à l’apprentissage L’heure de l’Islam est écrite par la volonté de Dieu. Elle apparaîtra le moment venu sur la grande scène du monde. En 1920, Alors qu’il était démobilisé, Le capitaine hadj Mohamed en homme généreux, il consacrait tout son temps s’occupant personnellement d’un camp d’assistance aux pauvres et démunis de la région de Djelfa, pendant une épidémie de typhus, et se trouve lui-même contaminé par la maladie qui l’emportera à son domicile à Rocher de sel, le 21 mars 1921. La nouvelle de sa mort a été durement ressentie par toutes les tribus de la région .Les pauvres et les nécessiteux le pleuraient car ils avaient perdu leur proche bienveillant protecteur. Pendant plusieurs jours, des délégations venaient de toutes les villes d Algérie et de l’étranger se recueillir sur sa tombe. Son père si Ahmed, choqué par la mort de son fils, l’avait rejoint à la tombe 20 jours plus tard. Ils sont enterres auprès du Khalifa sidi Cherif à Mssala-Ain Chenouf A Djelfa-Centre.

En convoquant la suprématie de l'Islam conquérant, le colonisé Capitaine Bencherif, en profite à travers ses écrits pour signaler en sous entendus, au Colonisateur que le vainqueur d'aujourd'hui fut aussi le vaincu d'hier. Bencherif en retraçant la marche des colonnes musulmanes, n’oublie pas de mentionner l'occupation de la France par les armées Maghrébines. Et c'est également dans le même cadre dialectique que Bencherif dans ces écrits, procède au renversement du couple civilisation-barbarie, refrain colonial qui semblait vouloir fixer dans l'absolu le rapport civilisationnel du conquérant aux peuples dominés. Et c'est par la bouche même de son officier-supérieur français, que Bencherif apprend que ce sont ses coreligionnaires qui éclairent, autrefois, la "barbarie" européenne de leur lumière.

Premier romancier Algérien en langue Française :

L'ouvrage "Ahmed ben Mostapha, goumier", Paris, Payot, 1920, 245 p, est le premier récit (ou roman de fiction) publié en volume par un Algérien écrivant en français. Le premier roman algérien de langue française se distingue également de la production de son époque par la qualité de son écriture.L'autre ouvrage de Mohamed Bencherif est "Aux villes saintes de l'Islam", Paris, Hachette, 1919, 252p, relation de voyage, récit du pèlerinage à la Mecque et à Médine que l'auteur a accompli avec son père en 1913.


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