Algérie - 08- La guerre de libération


El Haoues Amirat est né en 1899, à Guenzet Nith YAALA, cet homme qui avait rejoint les rangs de l’armée de libération nationale en emportant son arme avec lui ; il avait juré de ne pas la remettre à l’armée française, qui cherchait alors, à récupérer à tout prix, toutes les armes des villageois. Ce jour-là, il décida de donner sa vie à sa patrie et de mourir l’arme à la main.

Embusqué, derrière un mur, à l’angle, d’une des nombreuses et tortueuses ruelles de Tanaqoucht ;Mouloud, le fils d’El Haoues né en 1939, sur les traces de son père, armé d’un pistolet de type Beretta 9 mm à la main, tout rouillé, contenant juste une balle dans le barillet, qui s’apprêtait à accomplir la mission, dont il a été chargé par l’armée de libération nationale : abattre le harki Nacer, dit, le capitaine, qu’il guettait comme un lion qui attend sa proie.

Le harki ne s’imaginait pas, en rentrant chez lui, ce jour-là, qu’il allait connaître le moment, le plus terrible de sa vie. Dés, son apparition, Mouloud, plus décidé que jamais, il rassembla tout son courage, respira un bon coup, surgit comme un éclair pointât le revolver, tira à bout portant et se sauva, à travers les dédales des petites ruelles de Tanaqoucht (les petits terrains cultivables à la pioche), qu’il connaissait comme sa poche, le harki ensanglanté, touché à l’épaule, un pied-à-terre suit du regard le tireur qui s’éloignait ; ou l’image floue se dessinait dans sa mémoire.

Sans tarder, le village est mis sens dessus dessous, l’armée française a fait appel à toute la population, elle fut rassemblée à la grande place (Lotta n’souk)(le terrain plat du marché).

Photo en main, l’officier questionnait les villageois, un par un, une véritable séance de torture et d’humiliation.
Pour l’anecdote, on raconta, que parmi les villageois, réunis, se trouvait, Dda Bezza n’Qaoueche*, un homme connu dans tout le village pour sa ruse et sa sagesse de terroir, et devrait trouver, dans un temps record, un moyen de s’en sortir de cette situation sans trop de dégâts : éviter l’humiliation, et ne donner aucun renseignement, sur la personne recherchée, qu’il connaissait d’ailleurs parfaitement.

Lorsque, le tour de Dda Bezza fut arrivé, le soldat lui tend la photo, et dit :
— « Tu connais cet homme ? »

Dda Bezza ; prend la photo dans sa main, la regardait dans tous les côtés, puis, il l’a rapprochait davantage, clignotait des yeux, faisant semblant d’être myope, puis dit :
— « Ce n’est pas une femme mon lieutenant ? »
Le soldat, fou furieux, le renvoya illico presto.
Il en est sorti encore une fois, miraculeusement indemne avec quelques injures

Finalement, en guise de représailles, l’administration coloniale décida de détruire la maison des Amirat, et c’est à ce moment que le génie du vice-président de la commune de l’époque, DDA Lahcen Uabbas, se révéla encore une fois, une ruse payante ; il se démêla toute la journée, à déménager toute la famille, et quelques biens, sans importance, dans un taudis, une maisonnette presque en ruine, leur faisant croire que c’est sous ce toit, que vit la famille Amirat, et lorsque les soldats arrivèrent, menus de leurs engins, il se précipita vers eux :
— « Voilà, la maison, mon colonel ». dit-il
Et c’est ainsi qu’il sauva les biens de cette famille, comme il l’a fait pour d’autres.
Quelques jours plus tard, Saïd (Ouali Saïd), un enfant du quartier, témoin de la scène, au détour d’une ruelle, lance à Mouloud Amirat :
— « Ah ! Ya, Mouloud, tu l’avais raté ! ».
Mouloud sourire aux lèvres répond à Saïd
— « Ne t’inquiète pas, mon frère, la prochaine fois, je tâcherai de ne pas le rater ».

Depuis, Mouloud, et son père El Haoues, sont tombés aux champs d’honneur, les armes à la main, la même année en 1958, Mouloud à Thilla, et El Haoues, lors du bombardement de Tansaouth.




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