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Algérie - Point de vue: Quatre raisons de dire «non» au gaz de schiste



Algérie - Point de vue: Quatre raisons de dire «non» au gaz de schiste




«Que le peuple algérien reprenne l’état d’esprit qui était le sien en 1962 pour relever le défi du droit au développement, Qu’il reprenne s’il le faut l’état d’esprit qu’il avait en 1954 pour relever le défi du droit à l’existence ; droits largement compromis 52 années plus tard.» (contribution au quotidien El Watan publiée le 11 janvier 2015)

1re raison : l’impact sur l’environnement

Si l’exploitation du gaz de schiste n’avait aucun impact sur l’environnement, il n’y aurait pas eu de levée de boucliers partout dans le monde pour empêcher que cela se passe sur leur territoire, comme au Québec, dans certains Etats des USA, en Europe etc, et le président français n’aurait pas dit que «tant qu’il serait Président il n’y aura pas d’exploitation du gaz de schiste sur le territoire français».

Pourtant, ces pays sont de grands consommateurs et importateurs, la plupart ne produisant pas d’hydrocarbures conventionnels. Il est certain que chez nous, il y a un risque de pollution des eaux souterraines et, comme nous savons que le sud algérien renferme les plus grandes réserves d’eau douce de la planète, les polluer serait risquer d’anéantir tout projet de développement de l’agriculture dans les zones désertiques et, par delà, toute forme de vie.

Un risque que tout Algérien qui a un minimum de patriotisme ne prendrait pas parce que, au moins, les générations futures pourront alors bénéficier de ces étendues pour exploiter les richesses agricoles qui sont, elles, renouvelables.

Des experts parlent aussi du risque de fragiliser les structures géophysiques de la zone par le perçage des puits et surtout à cause des galeries horizontales sur plusieurs kilomètres. Ce qui pourrait générer des affaissements. De tels accidents se sont déjà produits pour moins que cela, qui ont défiguré les lieux et anéanti toute vie aux alentours.

2e raison : la bulle financière

Les gains financiers ne sont pas évidents pour les entreprises qui se lancent dans une telle aventure et cela dans les pays développés producteurs de technologie où plusieurs sociétés sont tombées en faillite parce qu’elles n’ont pas pu amortir les investissements, principalement à cause du tarissement précoce des réserves exploitables. C’est pour cela que l’on parle de bulle financière.

Par ailleurs, le gaz conventionnel produit en Algérie, à un des coûts les plus bas (10 centimes de dollar les 1.000 m3) a, à plusieurs reprises depuis 2005, été vendu à perte, en intégrant dans les calculs des prix de revient les frais d’extraction, de transfert, de liquéfaction, de transport et de regazéification. Qu’en sera-t-il alors du gaz de schiste qui coutera à l’Algérie environ 50 fois plus cher à la sortie du puits?

3e raison : la survie de l’économie de la rente

«Notre économie est plus que jamais dépendante de la rente pétrolière qui ne profite finalement qu’au système politico-maffieux qui a prospéré et dont les ramifications vont bien au-delà de nos frontières. Ce système se nourrit du désordre social et de la corruption généralisée qu’il a lui même organisée pour régner sans partage et de manière durable sur le pays, au détriment du peuple.» (contribution du 11 janvier 2015).

En effet, passer au gaz de schiste c’est exprimer la volonté politique de ne pas se départir de cette économie de la rente en espérant lui donner une survie ; et l’Algérie continuera ainsi à dépendre des hydrocarbures et assurer la «sécurité énergétique» des sociétés ultralibérales lesquelles fixent les prix au gré de leur stratégie et de leurs intérêts, sans état d’âme et sans souci pour les Algériens qui sont classés par certains ultras parmi les «populations excédentaires».

Il ne faut pas oublier que les mécanismes de notre économie ont été mis en place à la veille de notre indépendance pour nous maintenir sous dépendance économique et que c’est un devoir patriotique dans le prolongement de la Révolution de Novembre que de recouvrer cette indépendance synonyme de développement, d’émergence et de prospérité. Si nous ne nous engageons pas tout de suite dans une économie basée sur le travail, le chaos économique sera inévitable.

Les fonds destinés à être investis pour le gaz de schiste devraient être réservés, par exemple, dans une première phase, au développement de l’agriculture dans les vastes étendues du Sud, ressource renouvelable par excellence, créatrice de richesses et d’emplois dans le respect de la nature et des populations.

A l’exception du Soudan, il n’y a pas d’autre territoire sur la planète où la marge de développement possible de l’agriculture est aussi importante que chez nous.

Des études sérieuses concluaient, il y a 30 ans, que si l’agriculture était sérieusement prise en charge en Algérie, c’est-à-dire selon les normes des pays développés, elle pouvait faire vivre, selon les mêmes normes de consommation, une population de l’ordre de 250 millions d’habitants.

4e raison : l’hypothèque de la souveraineté nationale

D’autres raisons plus graves et anti-nationales peuvent expliquer cet entêtement à vouloir exploiter chez nous le gaz de schiste contre tout entendement et c’est autant de raisons de ne pas le faire:

- Confier des concessions aux multinationales, fer de lance de l’ultralibéralisme, pour avoir une mainmise sur les énormes réserves d’eau, objet des convoitises actuelles et des conflits de demain. Le schéma classique sera alors adopté: concessions, privatisations et, avec la disparition de l’Etat, accès aux multinationales.

- Enrichir les fabricants par l’achat par l’Algérie au prix le plus fort des équipements lourds et sophistiqués nécessaires à la mise en place des bases techniques et logistiques d’exploitation du schiste.

- Produire sous une forme déguisée au profit des multinationales des matières contenues dans le schiste, plus rares et plus précieuses, entrant dans les technologies de pointe.

Il peut y avoir d’autres raisons, mais ces quatre sont suffisantes pour dire «non» au gaz de schiste. Les résultats des études, qui ne sont pas faites par nous, peuvent être vrais par rapport aux réserves supposées. Mais nous n’avons pas le droit de consommer en une génération des réserves accumulées pendant plusieurs centaines de millions d’années.

Faisons au moins comme la Norvège, qui a fortement diminué l’exploitation du gaz conventionnel dès lors que son prix a chuté, ceci afin de préserver ce produit au profit des générations futures.

C’est un devoir patriotique parce que si nous ne pensons pas aux enfants de l’Algérie de demain, nous acceptons que l’Algérie soit classée parmi les «territoires vierges» par le «nouvel ordre mondial» et nous trahissons le serment des martyrs de la Révolution.

«Je ne veux que la réforme, autant que je le puisse, et réussir ne tient pour moi qu’à Dieu, et je m’en remets à Lui, et vers Lui je retourne.» (Coran, chapitre 11, verset 88) 


Constribution par Yala Mohand Tahar

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