Algérie - Divers sujets sur la littérature

Alger, Réouverture de la librairie du Tiers-Monde. Réhabilitation d’un espace symbolique de la culture algérienne




Lieux symboliques du monde de la littérature algérienne, icône de la place Emir Abdelkader de la rue Larbi Ben M’hidi, la librairie du Tiers-Monde a rouvert ses portes, jeudi après-midi, en dévoilant un relooking qui a enchanté les nombreuses personnes présentes. La librairie du Tiers-Monde, fermée depuis le mois de décembre 2005 pour des travaux, a rouvert ses portes jeudi après-midi, lors d’une cérémonie émouvante, où était présente la ministre de la Culture, Khalida Toumi.
Des personnalités politiques, des ambassadeurs, des éditeurs des secteurs public et privé et plusieurs écrivains ont assisté à la cérémonie de réouverture de la librairie.
La ministre a déclaré à cette occasion que «la réouverture de cette librairie apportera un plus à la culture algérienne. Le gouvernement et la société civile doivent se mobiliser pour que les librairies ne ferment pas car, chaque fois qu’on ouvre une librairie, on ferme une prison».
Dévoilant son nouvel aménagement, la librairie est devenue plus spacieuse, avec des touches de design plus modernes et des couleurs pastel, la librairie a conquis le cœur de tous les fidèles du lieu. Smaïn Ameziane, P-DG de Casbah éditions et le nouveau propriétaire de la librairie, confie : «Notre ambition est de faire de ce lieu un espace de rencontres culturelles et humaines. Il y a beaucoup de projets qui sont en préparation. Une fois par mois, nous projetons d’organiser des rencontres avec des créateurs algériens. Il y aura des auteurs, des poètes, mais également des peintres et d’autres artistes. Ces événements mensuels seront l’occasion pour les artistes de rencontrer leur public.»Il explique aussi : «Nous allons œuvrer pour la promotion de la production nationale, cela en la rendant disponible et très bien représentée. Par ailleurs, nous allons accorder un grand intérêt à la population universitaire en lui apportant des nouveautés et surtout en faisant un effort sur les prix afin qu’ils soient plus abordables.» L’ancien gérant de la librairie, Abderahmane Ali Bey, est reconduit à son poste, il est très fier des nouveaux aménagements et surtout des futurs projets, il souligne à ce sujet : «Les travaux ont permis de réorganiser les espaces de la librairie et de la doter de nouveaux ouvrages mais aussi de la moderniser. Sincèrement, je me sens plus libre d’exercer cette profession qui me passionne. Il y a plein de projets pour redonner vie à cet espace. On ne va plus se contenter de simples ventes-dédicaces mais il y aura également des rencontres-débats avec les auteurs et leur public, cela donnera un cachet plus humain à ce lieu.» L’esprit de la promotion de la culture sous toutes ses formes a été marqué lors de cette cérémonie d’ouverture par une installation de l’artiste Arezki Larbi. Sur une table recouverte d’une nappe blanche, l’artiste a disposé des assiettes et des couverts blancs, du lait dans des gobelets blancs, des morceaux de sucre, des bougies blanches et du riz. On peut lire des mots tracés du doigt avec une poudre blanche, tels que nuits, livres et couleurs.
Arezki Larbi explique : «Tout d’abord, le sucre est un référent à notre culture ancestrale, qui est le fel, un bon présage pour la nouvelle demeure. Cette dominance de blanc, c’est la lumière qui jaillit des livres. Un livre, c’est aussi des pages blanches pleines de signes qui renvoient à des signifiants.
Le livre, c’est aussi la nourriture de l’esprit. Les différents éléments disposés ici représentent une forme de matérialisation de ces signes et une manière de partager cette nourriture spirituelle dans un esprit convivial. Quant aux bougies blanches, c’est la blancheur de la lumière. Cette lumière qui illumine les nuits blanches des auteurs et des lecteurs.» A propos de la réouverture de la librairie, il déclare : «Je pense qu’il est important que les libraires ouvrent leur espace aux autres formes artistiques. Après la librairie Noun, la libraire du Tiers-Monde progresse dans cet esprit, et c’est un pas important pour la vie culturelle car toutes les expressions artistiques sont liées.» Parmi les écrivains présents, la romancière Mayssa Bey, très émue a confié : «Je trouve qu’elle est plus spacieuse avec un design plus attrayant. Cette librairie est très symbolique pour moi, car c’est le premier lieu où j’ai dédicacé mes livres. J’espère qu’elle répondra aux attentes des fidèles de ce lieu. Je voudrais annoncer que j’aurais beaucoup de plaisir à dédicacer mon prochain livre ici.»Pour rappel, la librairie du Tiers–Monde faisait partie du réseau de distribution de l’ancienne Entreprise nationale du livre (ENL). En 1997, après la dissolution de l’entreprise, les librairies sont cédées au profit des travailleurs. Dans chaque librairie, on avait placé six travailleurs de l’ex-ENL. Malgré le succès de la librairie du Tiers–Monde, les actionnaires avaient décidé de vendre le lieu situé en plein cœur d’Alger, qui était convoité par divers acheteurs dont un restaurateur qui voulait transformer ce lieu de nourriture de l’esprit en un lieu de nourriture de la panse.
Mais, grâce au refus ferme de tous les actionnaires de permettre que le lieu change de vocation, la libraire a pu être rachetée par Casbah éditions. Ainsi, elle a pu être préservée et réhabilitée dans un design certes plus moderne mais qui garde toute l’âme et l’authenticité d’un espace réservé à la promotion de la culture.


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