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Aïn Témouchent
Sur fond de crise de logement, les habitants de l'agglomération renouent avec la contestation sociale aux lendemainsde l'élection présidentielle.Ce dimanche, l'agglomération de Ouled Boudjemaa a renoué avec la contestation sociale. Des jeunes ont fermé les portes de la mairie durant toute la journée jusqu'à ce que des garanties leur soient fournies sur l'objet de leur protesta : le logement et l'emploi. En effet, l'exécutif communal, qui voulait éviter de provoquer le mécontentement général de la population eu regard à la «délicate» échéance, avait remis, pour l'après élection, la répartition de 47 logements ruraux d'un projet. Or, durant le week-end, des rumeurs avaient circulé quant à l'attribution en catimini de ces logements.Cela avait mis au comble de la fureur, en particulier certains parmi les contestataires qui s'étaient investis lors de la présidentielle en faveur du candidat élu, une manière pour eux de se positionner favorablement lors de l'étude de leurs demandes parmi pas moins de 600 autres demandes. En fait, le maire avait commis un impair en se faisant soutirer des promesses par certains demandeurs, ce qui n'avait pas manqué d'être appris.Pis, le conseil municipal est divisé dont certains ne se parlent plus. Dimanche, le chef de daïra a dû descendre dans l'arène pour rabibocher les élus les plus influents afin qu'ils s'adressent d'une seule voix aux contestataires. Dans la salle de délibérations de l'APC où était reçue une dizaine de représentants des protestataires, les échanges ont été durs. L'un des jeunes, auquel il était demandé de joindre dans son dossier un acte de mariage pour être certain de bénéficier d'un logement, a explosé : «Mais les parents de ma promise refusent de peur qu'elle se retrouve dans la promiscuité où je vis.Savez-vous que pour entrer aux toilettes, il me faut par pudeur mettre à fond le poste radio !». La colère a été à son comble lorsqu'un élu a expliqué que les 47 logements seront répartis également au profit des deux autres localités, Baïliche et Ouled Taoui. Ouled Boudjemaa, qui comprend trois agglomérations de 6000 habitants dont la moitié réside au niveau du chef-lieu de commune, est devenue ces dernières années la plus turbulente des communes rurales.Située à l'écart sur un plateau en zone côtière, cet ancien village de regroupement de population créé en 1958, offre très peu d'opportunités d'épanouissement à une jeunesse dés?uvrée par la force des choses et dont une partie a goûté à la harga à partir de ses plages.-TensionCependant, depuis 2009, les redevances fiscales de l'usine d'électricité payées à la commune, soit 90 millions DA, en font la plus riche de la wilaya. Mais, jusque-là, faute d'imagination et de liberté d'action de la municipalité pour faire fructifier cette manne, cela n'a pas véritablement profité à la population minée aussi par le tribalisme. Hier matin, les gendarmes ont délogé à Ouled Boudjemaâ des familles qui avaient investi depuis l'avant-veille douze logements de l'OPGI achevés depuis six mois mais non encore attribués.La tension était vive ; les familles, dont les meubles et les ballots avaient été mis dehors, occupaient toujours les logements alors que les gendarmes de la brigade d'intervention étaient disséminés en plusieurs groupes en des endroits stratégiques de l'agglomération. Ils tenaient en respect les jeunes décidés, à la moindre alerte, d'en découdre avec eux, armés qu'ils étaient de pierres et de barres de rond à béton.Le siège de la mairie, toutes portes closes, était protégé. «Mais, M. l'officier, l'anarchie, n'est-ce pas d'avoir laissé fermés près d'une année ces logements alors que nous sommes dans un besoin extrême ' N'est-ce pas à cette fawda que vous devez également mettre fin '»Le chef de daïra, rencontré plus loin, explique que les logements en question n'ont pas encore fait l'objet d'une réception des travaux. Un élu municipal indique qu'il existe 309 demandes de logements enregistrées.Les douze familles, qui avaient squatté les logements sociaux, devaient en être délogées. Ces derniers, bien qu'achevés depuis six mois, n'avaient pas été attribués malgré la très forte demande. Pis encore, d'alarmantes rumeurs circulaient quant à leur mode d'attribution. La crise a été désamorcée par l'acceptation de Mme le wali de la proposition de l'APC en vue d'accorder 12 logements sur le programme de 110 accordés à la commune au titre de l'habitat rural.Selon Mohamed Hamel, élu municipal, l'affaire va se conclure rapidement puisqu'un promoteur est déjà sur les lieux : «Aussitôt que les 12 familles délogées auront finalisé leur dossier, le chantier démarrera». Interrogé sur la possibilité que d'autres demandeurs de logements ne tirent la leçon de l'épisode que vient de vivre la commune, l'élu rassure. Il indique que, sur le programme de l'habitat de la commune, il reste 98 logements qui, avec les 12 évacués, vont contenter les cas les plus pressants.





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