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"PAROLES D'INSTITUTEUR" DE DJAMAL MOKHTARI




Témoin du temps qui passe, le poète rapporte, dans les moindres détails, le poids de l'injustice, la force de l'amour, le partage, la fidélité des uns et la trahison des autres. Il défend ses principes, dénonce et ironise sur sa réalité et ce qui l'entoure.Sans peut-être le chercher, encore moins le vouloir, l'instituteur-poète, enfant des Aurès, est témoin d'un vécu et pas des plus agréables. Un quotidien dur, implacable, sans merci. L'auteur qui est, lui aussi, soumis à une certaine mal-vie n'a cependant point déserté le front, le combat, la prise de position claire qu'il défend, bec et ongles, en étant témoin, point passif, puisqu'il rapporte dans les moindres détails le poids de l'injustice, la force de l'amour, le partage, la fidélité des uns et la trahison des autres. Toujours en défendant ses principes, sans jamais reculer, il dénonce, console et donne la parole à ceux et celles qui n'ont pas le droit au chapitre. Témoin, mais aussi justicier quelque part, tout en restant lucide et sérieux, Djamal Mokhtari caricature et tourne en dérision des situations parfois des plus dramatiques, dans son recueil de poèmes, Paroles d'instituteur, paru aux éditions Ali-Benzid.Plusieurs thèmes gravitent autour de l'écriture poétique de Djamal Mokhtari, comme par exemple celui des tailleurs de pierre de T'kout, auquel il rend hommage en quelque sorte dans un poème, écrit certes en 2007 mais qui reste pertinent et d'actualité grâce à la prédiction de l'auteur, qui bien des années avant avait vu venir le malheur. Poème court, mais d'une grande et profonde tristesse.Le poète a su mettre les mots qu'il faut : "Ici repose mon frère/ Là gît mon voisin/ Ils étaient tailleurs de pierres/ Ils ont inhalé trop de poussière." L'auteur semble être debout dans un cimetière, montre et pointe du doigt les tombes des artisans qu'il a connus, qu'il a côtoyés ; il réduit le temps et l'espace pour montrer qu'ils lui sont proches, très proches : voisins, frères, cousins, amis.Le destin des Algériens et la réalité de l'Algérie sont également au centre de ce recueil. Pour Djamal Mokhtari, "le destin national est la poutre maîtresse de l'unité de ce même pays", et dans un texte, il interroge le quotidien et les responsables sur la réalité, les échecs et les espoirs du pays.Pour ce faire, il fait même appel à la mémoire des martyrs. L'auteur pose des questions mais n'y répond jamais. Ce sont juste des interrogations qu'il lance et qui incitent à la réflexion.Une invitation à méditer sur le passé, le présent et même l'avenir de l'Algérie. L'Amitié, les Enfants, le Port d'Alger, l'Ingratitude... sont autant de titres de poèmes qui se laissent lire, où la comparaison, la description et d'autres figures de style font bon ménage, au grand plaisir du lecteur.Cependant, un poème émerge par son titre et son ironie. Intitulé Les Pneus, Djamal Mokhtari lance un appel aux pneus du monde entier pour être solidaires. Car l'homme finit toujours par jeter ce dont il n'a plus besoin, il peut le faire même avec des êtres comme lui... Son ingratitude n'a pas de limite. Il semble être un danger au plus haut de la pyramide du monde.





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