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«Nous avons un projet de recherche avec un partenaire hollandais»




«Nous avons un projet de recherche avec un partenaire hollandais»
Directeur de l'exploitation au sein de cet organisme, Amar Chouikh, développe, dans cet entretien, les projets en cours pris en charge par l'ONA, le partenariat de recherche avec une université hollandaise (Wageningen) pour une réutilisation plus poussée des eaux épurées dans le domaine de l'agriculture et les ambitions affichées pour l'horizon 2025-2030.- L'ONA réalise et gère les stations d'épuration. Elle commence à réutiliser l'eau dans le domaine de l'agriculture mais sous quelles conditions 'Il faut d'abord souligner que dans un premier temps, on ne réalise pas de stations d'épuration pour économiser l'eau, ce n'est pas l'objectif. C'est surtout pour préserver l'environnement et la ressource hydrique. Accessoirement, s'il y a un périmètre irrigué ou un manque d'eau quelque part, on peut utiliser cette eau à des fins agricoles, urbaines, municipales ou même industrielles, pourquoi pas. Il y a plusieurs débouchées.Maintenant pour le cas précis de l'agriculture, il faut garder en tête le fait que, depuis janvier 2012, il y a eu deux arrêtés ministériels qui ont défini, pour le premier, les paramètres physiques et microbiologiques des eaux épurées et leurs valeurs limites sur lesquels on se base pour autoriser cette pratique de réutilisation de cette ressource non conventionnelle, et le second a fixé les types de cultures qu'on peut irriguer avec les eaux épurées. Avant, il y avait des normes OMS (organisation mondiale de la santé) qu'on appliquait. Il faut savoir que c'est interdit d'utiliser les eaux usées épurées pour tout ce qui est maraichage.C'est permis pour quelques plantes industrielles, la lisière. Et, c'est autorisé d'irriguer exclusivement l'arboriculture: oliviers, agrumes, palmiers dattiers, etc. Nous sommes producteurs de cette eau mais la réglementation exige qu'il y ait un concessionnaire qui la reçoit et c'est lui qui devrait se charger de sa distribution au profit des fellahs ou autres utilisateurs. Cependant, pour le moment, cet intermédiaire n'existe pas et il faut gérer la situation telle qu'elle.S'il y a une demande ponctuelle et locale quelque part, nous jouons ce rôle de concessionnaire pour ne pas refuser la demande. Nous devons donc, nous-mêmes, nous assurer de la bonne qualité de l'eau qu'on distribue. Cela exige un contrôle plus rigoureux et oblige le fellah demandeur à s'engager avec nous sur son utilisation.- Y a-t-il des exemples concrets pour illustrer cette démarche 'Nous avons un projet pilote qui fonctionne très bien sur la plaine de Hennaya à Tlemcen. Toute l'eau produite par la STEP de Tlemcen est cédée à L'ONID (office national d'irrigation et du drainage) qui joue donc le rôle de concessionnaire. Il a un réservoir de stockage muni d'un système de canalisations pour la distribution vers un périmètre irrigué occupé par plusieurs fellahs spécialisés dans l'arboriculture, particulièrement les agrumes.Le projet est très bien géré, nous sommes très satisfaits des résultats et nous attendons maintenant qu'il se généralise. Un plan d'action a été arrêté avec l'ONID pour voir la position des stations d'épuration (implantées à travers tout le territoire national) par rapport aux périmètres irrigués que gère cet office.Ce sera des opérations stratégiques de grande envergure. Ce travail a été fait avec les experts des deux organismes qui ont effectué des sorties sur le terrain, vérifié si la station peut irriguer ou pas, étudié les coûts, etc. Tout le travail en amont a été fait. Maintenant nous attendons les arrêtés de concession, ce n'est plus qu'une question de temps.- En attendant que fait-on de cette eau épurée 'En attendant l'eau épurée est déversée dans le milieu récepteur prévu à cet effet. Les normes de traitement existent, c'est un peu différent de l'eau qui est réutilisée pour l'irrigation.- L'ONA a également investi dans la recherche pour étudier la possibilité d'irriguer même les produits maraichers. Où en est-on aujourd'hui 'Il est certain que dans les zones arides et semi-arides du grand Sahara algérien, la question de la ressource en eau, sa sauvegarde et ses usages constituent un enjeu majeur. Depuis des millénaires, les sociétés vivant dans ces zones vulnérables ont dû construire des savoirs et développer des techniques adaptées tel que les systèmes d'irrigation par les foggaras qui sont des systèmes de canalisations souterraines construites pour alimenter les jardins dans les palmeraies, lorsqu'il n'est pas possible de creuser des puits et les «ghouts» qui sont des excavations de plusieurs mètres de diamètre creusées, il y a plusieurs siècles, par les hommes pour permettre l'alimentation directe des palmiers en eau depuis la nappe phréatique.Face à la croissance démographique et aux besoins alimentaires, la pression sur la ressource en eau est de plus en plus grande et révèle de nouvelles tensions qu'il est urgent d'étudier. En vue de réfléchir aux enjeux futurs liés à l'eau en zone aride et semi-aride et de proposer des actions relevant du développement durable, il est essentiel de s'appuyer sur l'héritage et les expériences acquises par les sociétés vivant dans ces milieux par la prise en compte des savoirs développés par les populations locales à l'exemple d'El Oued et Ouargla, mais, aussi, sur le transfert du savoir-faire technologique acquis de par le monde à l'image des Pays-Bas.La question de l'eau occupe, ainsi, une part de plus en plus importante dans l'aide et la coopération internationale. Dans cette aide et cette coopération internationale, il est à distinguer entre une coopération institutionnalisée, appelé G2G, et une coopération scientifique et technique portée par des instituts de recherche et de développement publics et privés. C'est dans ce dernier contexte que nous avons initié un projet dans le cadre de la coopération avec la Hollande, un projet dénommé «Wawaria». C'est un autre projet pilote de recherche, cette fois, avec l'université Wageningen, des entreprises des Pays Bas, l'INRA de Touggourt et l'ONA.Les partenaires hollandais ont fourni, en plus du savoir-faire et la formation des équipes sur site, une station de traitement tertiaire à membrane et un système d'irrigation intelligent. Les eaux usées épurées par la station d'épuration de Ouargla seront traités encore une fois dans un troisième étage pour rendre cette eau plus pure, et essayer de se rapprocher le plus possible de l'eau originelle. Il y a lieu de préciser que les eaux de la nappe de Ouargla sont caractérisées par une salinité importante, et c'est pour cela que seules quelques plantes résistent à de telles conditions.En plus, il faut tenir compte du fait qu'il y a des germes pathogènes qui subsistent après une première étape d'épuration. L'unité de filtration à membrane que nos amis hollandais ont fournie, est déjà opérationnelle. Trois types de plantes maraichères ont été expérimentées: concombres, tomates et patates qui ont été irriguées avec trois qualités d'eau: l'eau épurée de la station de l'ONA, l'eau de la ville et, enfin, l'eau filtrée au troisième degré par l'unité destinée à la recherche, pour pouvoir comparer les résultats des analyses des plantes, de l'eau et des sols.L'INRA de Touggourt, signataire de la convention, a été un partenaire de taille, il a pris en charge la sélection et la fourniture des plantes ainsi que les analyses des sols. Les analyses de l'eau ont été assurées par les laboratoires de l'ONA et celui de l'ADE. Le périmètre a été délimité, protégé. Les trois réservoirs pour les trois types d'eau fournis par le partenaire hollandais ont été montés et remplis.Les autres équipements (systèmes d'irrigation, gouttes à gouttes) également fournis par un autre partenaire hollandais ont été installés par les équipes de l'ONA qui ont aménagé les 9 serres (3 pour chaque type d'eau) pour se prémunir contre le givre et le vent de sable. La restitution de ce projet de recherche a été effectuée en mai 2014, en présence de son excellence l'ambassadeur des Pays-Bas à Alger, M. Frans BIJVOLET.



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