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"Les soucis rencontrés par la chanson chaouie dans le passé existent toujours"




La ville de Sidi Rghiss (Oum El-Bouaghi) a donné et continue de donner à la musique et chanson chaouies les meilleurs éléments, les meilleurs artistes également. Avec une particularité cependant : ce sont plutôt les groupes qui semblent lui réussir, à l'exemple des Berbères et Thiguier, mais également Ithrene. Ce dernier groupe propose des textes de qualité avec une musique qui emprunte ses airs au rock mais qui reste profondément amarrée à la tradition. Yazid Ferrah, un des membres du groupe Ithrene, revient dans cet entretien sur l'aventure de son groupe.Liberté : Comment est né le groupe Ithrene 'Yazid Ferrah : C'est en 1992 que le groupe a vu le jour. Nous étions quatre frères et par la suite, Aziz El Aïb, le chanteur, nous a rejoint, ce qui a constitué un plus pour le groupe. C'était plutôt aller au charbon qu'une partie de plaisir, car on n'avait pas beaucoup de moyens ni de local, mais nous avons voulu apporter notre contribution à la musique et à la chanson chaouies qui connurent un boum extraordinaire après des années de silence et d'occultation.Et deux ans après, vient votre premier album Imazighen...Exactement. C'était le fruit d'un long et laborieux travail, on avait choisi le nom Ithrene et on ne voulait pas paraître terne ! Un grand mérite revient à l'auteur de nos textes, le poète Chérif Bezkane, qui nous avait concocté des textes en harmonie avec notre musique et notre recherche musicale. Imazighen comportait six chansons ; on chantait l'amour, les ancêtres, mais aussi notre présent, notre culture.Comment ce premier album a-t-il été accueilli 'En 1994, on était encore à l'époque de la bobine (cassette), mais je me souviens qu'aussi bien à Oum El-Bouaghi que dans les environs, souvent les jeunes prenaient des nouvelles de notre groupe et de notre album. On prenait de nos nouvelles ! Le premier quota envoyé à Sidi Rghiss par l'éditeur s'est écoulé en un rien de temps, or on n'était pas le seul groupe à Oum El-Bouaghi. C'était une chance de pouvoir proposer d'autres gammes, d'autres modes et mélodies avec un chant (des paroles) en chaoui.On parle souvent d'entraves et de difficultés que rencontre la chanson chaouie, qu'en pensez-vous et qu'en est-il pour vous 'Hélas oui, les soucis rencontrés par la chanson chaouie dans le passé existent toujours. Nous n'avons pas une véritable distribution pour la chanson chaouie. Dans les wilayas voisines, à Constantine par exemple, des vendeurs de CD font passer des anonymes pour chanteurs chaouis parce que le produit chaoui est absent. S'ajoute la couverture médiatique et la télévision qui semble avoir ses propres chanteurs chaouis que nous ne connaissons pas à travers les Aurès. Il y a maldonne et un préjudice qu'il va falloir réparer.Si vous êtes un peu marginalisé ici, vous vous produisez en France...Et bien oui ! En 2012, nous fûmes invités à Paris et nous nous sommes produits à l'Institut du monde arabe aux côtés de grands noms, tels que Akli D. et Rachid Taha. Les gens n'en revenaient pas : ils ont adoré le chant chaoui. Alors qu'en Algérie, nous sommes marginalisés et oubliés des festivals (comme le Festival de la chanson chaouie à Khenchela ou le Festival national de Batna).Mais tout de même, vous avez un nouvel album en préparation...On travaille dessus actuellement. Il se compose de huit titres, et la totalité des textes a été écrite par l'auteur Chafaï Sahbi. Le public a aimé l'introduction du bendir avec les instruments modernes car nous avons amélioré cette fusion pour mettre plus d'harmonie. Nous promettons à nos fans mais aussi aux mélomanes à travers le pays qu'il y a beaucoup de nouveau et de nouveautés dans la nouvelle bobine, qui sera disponible l'automne prochain si tout se passe bien. Mais par-dessus tout, Rabah, Aziz, Mohcene et moi souhaitons renouer avec la scène et le public.Entretien réalisé par : R. H.





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