« Les Mutations » du TRSA fait sensation

Bien que gagné haut la main, le pari de mettre sur les planches les déambulations du premier romancier de l'humanité, le Numidien Apulée de Madaure, était risqué à bien des égards. Et la troupe du théâtre régional de Souk-Ahras a réussi à faire tomber en pamoison un public venu en masse, jeudi dernier au soir, au Théâtre national algérien (TNA) à Alger, savourer une pièce hors du commun, « Les Mutations », en compétition lors de cette dixième édition du Festival national du théâtre professionnel qui se tient depuis le 24 mai dernier. Adaptée du texte de Haroun El Kilani, lequel s'inspirait du premier roman « L'Âne d'Or » écrit par l'homme, plus d'un millénaire avant Miguel de Cervantès, mise en scène par le dramaturge de génie, Mohamed Farid Mehdi, cette nouvelle réalisation, pur produit de la terre qui a vu grandir l'enfant terrible de M'Daourouch et, plus tard, Saint Augustin, retrace les aventures d'un jeune homme, Lucios, dont la transformation en bête de somme allait le confronter, comble de l'ironie tragique, à la bêtise et la dureté de la vie humaine. De Madaure, l'actuelle M'daourouch, ville rayonnante de l'Antiquité en Afrique du Nord, le jeune bohémien, accompagné de son meilleur ami, non moins idéaliste, s'en va découvrir in situ la suprême puissance de Rome et l'ânerie de ses dirigeants, non sans crier à tout venant le lustre de sa ville natale qui a donné à l'humanité sa part de civilisation. Magistralement jouée par une pléiade de jeunes comédiens (Abderrahmane Djemouaâi, Mtiâa Ziaya, Sabrina Korichi, Saddam Hussein Sahraoui...) qui ne manquent ni de génie ni d'humour, « Les Mutations » est aussi un chef d'?uvre de mise en scène grâce à une maitrise quasi parfaite de la sémiologie scénique, de la lumière et, surtout, de l'accompagnement musical qui n'a pas laissé insensible la salle. Pour une réussite, la pression de la troupe souk ahrassienne en est une. En attendant le résultat final.