Algérie - A la une

«Le pétrole et le gaz ne peuvent plus être une solution»



«Le pétrole et le gaz ne peuvent plus être une solution»
La chute des prix du pétrole et ses conséquences sur l'économie nationale» a été un thème de débats jeudi soir au siège du Front des forces socialistes (FSS).Amor Khellif, professeur en économie à l'université d'Alger et directeur de recherche au Cread, a été invité par ce parti à analyser cette nouvelle épreuve que vit le pays avec la baisse des prix de sa principale source de revenus.Le conférencier estime que cette situation devrait constituer une occasion pour débattre de la gestion du secteur énergétique et arriver enfin à trouver des solutions en dehors de la dépendance des seuls hydrocarbures. «Depuis 50 ans, nous n'avons pas cessé d'être dans la fuite en avant?A chaque fois qu'il y a eu crise, nous avons recouru à une hausse de la production d'hydrocarbures, à chaque problème on convoque Hassi Messaoud, mais aujourd'hui on ne peut plus le faire car il y a un tassement et un déclin des réserves.Il est vraiment urgent de poser le problème du schéma de développement que nous voulons pour le pays, le pétrole et le gaz ne peuvent plus être la solution», explique Amor Khellif, qui doute que l'on soit réellement prêts à rompre avec cette logique rentière. Il note que la référence au gaz de schiste est une chimère à laquelle il ne faut pas s'attacher. «Le schiste n'est pas rentable, d'ailleurs même les Etats-Unis y renoncent.Ce pays a laissé faire la baisse des prix du pétrole pour mettre de l'ordre sur le marché pétrolier et mettre fin à la mascarade du schiste», note le conférencier, en jugeant peu convaincantes les mesures prises par le gouvernement suite à la baisse des prix. «En 2014, les recettes pétrolières ont atteint 60 milliards de dollars, pour l'année en cours les plus optimistes parlent d'une clôture d'exercice avec 45 milliards de dollars, d'autres tablent sur 30 milliards de dollars.Quand les revenus du secteur sont divisés par deux pour un pays dont le budget de l'Etat dépend à hauteur des deux tiers des recettes fiscales pétrolières, on peut dire que l'effet est certain et les conséquences s'en ressentiront», avertit l'économiste en notant qu'il faut espérer un retour à la normale des prix pour pouvoir faire face aux besoins de l'économie nationale, car dans le cas contraire et avec une baisse permanente sur le moyen terme, il y aura de graves conséquences.«Si demain les recettes ne sont pas là, on ouvrira les digues aux compagnies étrangères qui s'accapareront de tout», indique M. Khellif en avertissant que Sonatrach a déjà perdu l'expertise dont elle disposait et les compagnies étrangères ont accaparé 55% des parts de production d'hydrocarbures en Algérie.L'économiste soutient qu'il est possible qu'une hausse des prix survienne au bout d'une année ou deux, ce qui conforte les tenants de la logique rentière. «C'est là un scénario optimiste qui explique l'immobilisme politique? Ils ne veulent rien lâcher car ils se disent : on s'en sortira ; mais il peut y avoir d'autres scénarios moins optimistes», remarque dans le débat Rachid Halet, membre de l'instance présidentielle du FFS, en notant que le plus vieux parti de l'opposition se tient aux côtés de la population. Le marché pétrolier a toujours été dépendant des convulsions géopolitiques.L'économiste Amor Khellif soutient d'ailleurs que cette dernière baisse a été provoquée pour des raisons politiques. «Je réfute la thèse d'une baisse liée à la loi de l'offre et de la demande, car il y a sur le marché un excédent de 2 millions de barils/jour qui auraient pu être utilisés pour rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande...Ce sont les acteurs du secteur qui ont une influence qui créent les chutes et baissent les prix», précise le conférencier, en notant que le but recherché par l'Arabie Saoudite est d'imposer la primauté du pétrole comme principale source énergétique, mais aussi, et c'est là où la raison politique l'emporte, c'est de faire barrage à l'Iran, principal bailleur de fonds de l'axe chiite.«Les cinq grandes compagnies occidentales ont laissé faire cette baisse pour deux raisons, la première étant d'en profiter pour racheter les petites et moyennes compagnies pétrolières, et la deuxième raison consiste à pousser les pays producteurs à ouvrir davantage les portes aux compagnies étrangères et remettre ainsi en question les nationalisations des hydrocarbures», souligne le conférencier. La diversification des ressources se pose aujourd'hui comme une urgence pour ne pas sombrer dans le chaos.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)