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« Le déclenchement du 1er Novembre, on l'attendait »



« Le déclenchement du 1er Novembre, on l'attendait »
« Le 1er Novembre 1954, on s'était réveillé avec une ville quadrillée et des patrouilles de police plus présentes que d'habitude. On n'en comprenait pas la raison, mais on savait que quelque chose venait de se passer tant le mouvement des policiers et des militaires était inhabituel. Ce n'est que quelques jours après que nous avons appris que la lutte armée a été déclenchée », se souvient Ali H., un condamné qui a été torturé à l'âge de 17 ans dans la prison centrale de Tizi Ouzou par les policiers du sinistre commissaire Collona. Les nouvelles des attaques contre les fermes et les biens de colons parvenaient chaque jour aux oreilles de la population. A partir de là, Ali H. du haut de ses 15 ans, avait commencé avec ses amis du quartier d'Aïn-Hallouf à rejoindre le FLN alors que d'autres avaient regagné les rangs de l'ALN. « Outre l'administration coloniale, on faisait face aux éléments du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques qui voyaient d'un mauvais 'il cette insurrection populaire », affirme-t-il. De son côté, son cousin Moh-Arezki H., âgé alors de 24 ans, savait que quelque chose aller se produire. « On s'attendait à cette insurrection populaire, notamment après les massacres de Sétif et de Kherrata. J'étais enfant à cette époque et les aînés ne parlaient que de ces évènements. Plus on prenait de l'âge, plus on avait conscience qu'un jour ou l'autre, le volcan allait exploser et cracher son feu sur les colons », dit-il. Au lendemain du déclenchement de la guerre de Libération, Moh-Arezki avait remarqué une effervescence inhabituelle. « Pour faire peur à la population, l'armée coloniale avait déployé à travers le département de la Kabylie et de Tizi Ouzou des tirailleurs sénégalais. Mais cela n'a fait qu'enraciner un peu plus le nationalisme et cette soif d'indépendance chez les Algériens », se souvient-il. Pour Djillali I., dont le frère Ahmed et le cousin Mohamed sont tombés au champ d'honneur, rares étaient les personnes qui étaient au courant de ce déclenchement. « C'était le bouche à oreille qui était de mise entre les responsables des différentes cellules de l'organisation, notamment les militants du PPA », explique-t-il. Il se rappelle que des tracts avaient commencé à circuler notamment la Déclaration du 1er Novembre qui venait d'être tirée non loin de Tizi Ouzou, à Ighil Imoula. « Il ne fallait pas que l'administration et l'armée coloniales le sachent, sinon, tout aurait capoté », précise-t-il. Une thèse que confortera Slimane. « La nouvelle ne devait pas parvenir aux oreilles des Français. Des cellules secrètes qui activaient dans ce sens. Des cellules animées par des citoyens de toutes les catégories sociales. D'ailleurs, ce n'est que plus tard que j'avais appris que mon père, pourtant garde-champêtre, faisait partie de ces cellules dès leur création », dit-il. Pour lui, le déclenchement de la lutte de Libération nationale était présenté par la presse coloniale comme un fait de bandits de grands chemins. Mais au fur et à mesure que les actions de guérilla et d'attaques contre les intérêts des colons se faisaient chaque jour plus nombreuses, les Français avaient compris que le peuple algérien ne lâcherait pas prise pour accéder à son indépendance. Slimane regrette que les plus anciens qui ont fait et vécu la révolution n'aient pas laissé de traces écrites. Comme il regrette que l'écriture de l'histoire ne soit pas encore bien prise en charge. « Il n'est pas anormal que 60 ans après, les jeunes ne connaissent pas grand-chose de cette lutte de Libération nationale », déplore-t-il.


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