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«Beaucoup d'exemples de réussite, mais des entraves subsistent»



«Beaucoup d'exemples de réussite, mais des entraves subsistent»
Badiâa AmarniLA TRIBUNE : Pourriez-vous tout d'abord nous parler de la situation de la femme rurale en Algérie 'BAYA ZITOUNE : L'idéal, pour parler de la situation de la femme rurale en Algérie, serait de mener une étude socioéconomique. Malheureusement, il y a très peu d'études et on ne peut en parler que de manière très sommaire et très globale, car la plus récente étude remonte à l'année 2003. Ce qui fait que, ne connaissant pas dans le détail leurs attentes et leurs préoccupations réelles, il n'est pas aisé de répondre à leurs besoins. Ceci dit, nous savons quand même qu'il y a deux ou trois catégories de femmes rurales. Il y a celles qui sont des aides familiales, qui travaillent dans le cadre informel chez elles sans être rémunérées, comme artisanes à leur propre compte et dont certaines sont déclarées et d'autres non. Celles qui travaillent comme saisonnières dans l'agriculture proprement dite, qui sont payées, mais souvent mal. Et puis il y a une nouvelle catégorie de femmes rurales qui sont des jeunes universitaires qui veulent investir dans le domaine agricole, nous avons quelques exemples de microentreprises réussies et d'autres en difficultés, mais c'est là quelque chose d'appréciable à relever pour souligner le changement dans le paysage du monde rural par rapport aux femmes. Je veux dire aussi qu'il y a eu des programmes menés par différents secteurs, certains visant directement la femme rurale et la femme en général, qui commencent à porter leurs fruits, mais il reste quand même des entraves.Quels sont les problèmes rencontrés par la femme rurale 'L'une des plus grandes difficultés qui subsistent est celle de l'accès à l'information et pour y accéder il faut un travail de proximité en rapprochant cette information de la femme rurale, ceci en raison du niveau de mobilité très faible de ces femmes. Des études datant de 2000 ont montré que ces femmes ne vont pas au village, au café, à la mosquée, et de ce fait elles n'ont pas l'information, et çà c'est un véritable problème, et nous, associations, nous tentons d'apporter notre contribution pour les informer à travers desrencontres régionales locales et à travers des caravanes que nousorganisons.Le deuxième grand problème, c'est que combien même elles ont l'information, elles bénéficient des programmes, elles réalisent des projets, elles créent des microentreprises, il reste un autre véritable problème celui de la commercialisation. Car, très souvent elles sont en marge des réseaux qui existent, des circuits de commercialisation et puis font face au problème de la qualité de leur produit qui ne s'écoule pas facilement. Déjà pour les possibilités d'écoulement c'est souvent et surtout à travers des foires et des expositions, mais cela ne suffit pas. Il faut de ce fait investir absolument dans la formation pour améliorer la qualité de leurs produits si elles veulent vendre déjà au niveau national et plus tard à l'international. L'exposition que nous avons organisée, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme rurale, nous a permis de voir des exemples très intéressants tel que celui de jeunes filles de la wilaya de Bouira produisant de l'huile qui ont fait un effort incroyable pour l'amélioration de la qualité de l'emballage de leurproduit. Chose qui est extraordinaire et d'ailleurs, à l'inauguration, la ministre de la Solidarité a pu le constater et ce type d'initiative est à encourager. Elle a d'ailleurs écouté les préoccupations de ces exposantes. Un autre exemple de réussite est celui de cette femme qui produit de la confiture maison à partir de produits de chez nous avec en plus une excellente présentation qui peut concurrencer n'importe quel produit étranger. Il y a encore des entraves à l'émergence de la femme rurale et son intégration dans la sphère économique de manière effective.N'est-ce pas aussi un problème de culture et de mentalité en Algérie 'Peut être. Il y a un peu de ça. Il est vrai qu'il y a des contraintes sociétales qu'on ne peut pas occulter, mais ceci dit il y a des efforts et des progressions. Vous savez quand vous allez dans un douar et vous boostez des femmes, qu'elles réussissent, qu'elles émergent ça bousculent un peu les autres et ça crée une sorte d'émulation.Quel est justement le rôle de la femme dans l'agriculture en général en Algérie et l'agriculture familiale en particulier 'De tout temps la femme algérienne a joué un rôle dans l'économie familiale et dans l'élaboration de toute stratégie d'économie familiale. Elle est partout. Elle a toujours participé aux travaux, à l'entretien du bétail, à la récolte, à la recherche de l'eau etc. Pour résumer, je vous dirais simplement une chose, les femmes rurales ont de tout temps étaient présentes dans les étapes deproduction, elles produisent pour l'autoconsommation de leur famille et dégagent parfois des revenus, et elles participent aussi à l'étape de transformation des produits agricoles. Elles sont aussi présentes comme elles peuvent dans le circuit de la commercialisation et c'est ça l'agriculture.B. A.


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